Suivre les manifestations anti-gouvernementales quotidiennes en Thaïlande

Share This:

Même si mes articles et posts sur les réseaux sociaux s’en approchent parfois, je ne suis pas journaliste et ne vais pas commencer à m’improviser journaliste sur un sujet aussi délicat et un moment d’histoire de la Thaïlande qui s’écrit. Voici donc simplement quelques faits sur le mouvement de protestation qui a lieu actuellement en Thaïlande et quelques médias à suivre si vous voulez savoir ce qu’il se passe jour après jour.

Photo: Thai Enquirer

Un gouvernement contesté


Petit résumé forcément simpliste de la prise de pouvoir du chef du gouvernement actuel et de la naissance de la contestation.

Général de l’Armée Royale, le Premier Ministre actuel de la Thaïlande a d’abord saisi le pouvoir, détenu alors par Yingluck Shinawatra élue 3 ans plus tôt, par un coup d’état militaire le 22 mai 2014 alors que le pays connaissait une crise politique qui durait depuis des mois et se radicalisait. Puis, il a été élu premier ministre suite aux élections législatives de mai 2019 et est donc aujourd’hui aux commandes du pays depuis plus de 6 ans.

S’il est maintenant en poste suite à un suffrage, la modification de la constitution (approuvée par un référendum) incluant de nouvelles règles sur les partis politiques, sur la constitution du Sénat et le système de vote de désignation du Premier Ministre a été vue par beaucoup comme peu démocratique et à son avantage. Depuis sa prise du pouvoir, au fil des ans, un mouvement pro-démocratie a pris de plus en plus d’ampleur en Thaïlande pour mener à ce qui se passe en ce moment.

Les revendications des manifestants

Les 3 principales demandes des manifestants sont :

  • la démission du Premier Ministre et de son gouvernement
  • une nouvelle constitution plus démocratique
  • une réforme de la monarchie constitutionnelle (c’est la demande qui divise le plus). C’est une première en Thaïlande que ce type de demande soit exprimée publiquement dans un pays où le crime de lèse-majesté existe encore.

S’est ajoutée, la demande de libération des leaders des manifestants arrêtés depuis le décret d’état d’urgence renforcé.

Les manifestations de ces derniers jours en Thaïlande

Cet été, ce sont les étudiants qui ont été le plus mobilisés organisant de grands rassemblements pour demander la démission du Premier Ministre et plus de démocratie.

Déroulé des derniers jours

  • Le 14 octobre dernier une grande manifestation a été organisée à Bangkok, la date a été symboliquement choisie en référence au mouvement d’octobre 1973 violemment réprimé le 14 octobre (source: https://en.wikipedia.org/wiki/1973_Thai_popular_uprising).
  • Le 15 octobre, en réponse, à 4h du matin est entré en vigueur à Bangkok un état d’urgence renforcé décidé par les autorités et interdisant notamment les rassemblements de plus de 4 personnes. Plusieurs arrestations ont eu lieu dans la foulée mais l’après-midi, les manifestants ont bravé par milliers cette interdiction de rassemblement et se sont dispersés pacifiquement le soir. Le décret paru dans la Gazette Royale de ce “State of Severe Emergency” indique qu’il court jusqu’aux 16 novembre.
  • Le 16 octobre, des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés à Bangkok à Phathumwan (je ne donne jamais les estimations chiffrées de leur nombre pour ne pas tomber sous le coup de la loi anti fake news). Le soir, la police anti-émeute, après un long face à face avec les manifestants qui faisaient bloc les a finalement dispersés à l’aide de canon à eau.
  • Le 17 octobre, le mouvement, loin de s’affaiblir, a changé de tactique pour un jeu du chat et de la souris avec la police. Les manifestants ont été invités par leurs leaders à rejoindre les stations de métro les plus proches à 15h, l’emplacement exact du lieu de rassemblement leur serait communiqué à ce moment-là. Résultat les métros de Bangkok ont été ordonnés de fermer. Il y a finalement eu plusieurs sites de protestation dans la capitale qui se sont dispersés d’eux-mêmes dans la soirée.
  • Les 18 et 19 octobre, il y a également eu des interruptions de services ou arrêts non marqués par les métros de Bangkok et plusieurs sites de manifestations. La police n’a plus chargé les manifestants depuis le 16 octobre et à chaque fois entre 20h et 21h30, les manifestants se sont dispersés d’eux-mêmes pour revenir manifester pacifiquement le lendemain en milieu d’après-midi.

Comment suivre l’actualité des manifestations en Thaïlande ?

Comme dit, je ne suis pas qualifié pour faire un travail journalistique de suivi de ce mouvement mais je sais que beaucoup d’entre vous qui aiment la Thaïlande s’y intéressent. Voici quelques médias et comptes de réseaux sociaux à suivre. Presque tous en anglais par contre.

Hashtag journalier

Chaque jour un nouveau hashtag avec la date du jour est lancé sur les réseaux sociaux. Celui du jour est #ม็อบ20ตุลา.

Jusqu’à la fin du mois, il vous suffit de changer le chiffre et de le remplacer par celui du jour pour voir les tweets ou les posts Facebook du jour. Après, je vous indiquerai celui pour novembre. Vous trouverez essentiellement du contenu en thaï mais vous pourrez voir des photos et vidéos qui vous donneront une idée de l’ampleur du mouvement.

Suivre des comptes et médias

Sinon, ces comptes et médias couvrent en anglais les manifestations:

  • Richard Barrow in Thailand : il compile des news en provenance de très nombreuses sources
  • Khaosod English: sur leur page Facebook, ils ont un reporter qui couvre en live les manifestations chaque après-midi
  • Bangkok Post : eux aussi ont quelques vidéos live
  • The Thai Enquirer : il publie vidéos et photos des événements et quelques articles de fond
  • Le Monde : le journal français fait un suivi assez régulier des manifestations en Thaïlande

A noter qu’une page Wikipédia dédiée au mouvement actuel a aussi été créée et est mise régulièrement à jour mais, de par le fonctionnement du site, je ne peux vous garantir la fiabilité et acuité de toutes les informations qui y sont écrites.

Si vous êtes à Bangkok et devez vous y déplacer l’après-midi et le soir, attention aux interruptions ou perturbations de service des transports publics et aux intersections fermées à la circulation. L’ambassade de France en Thaïlande, comme beaucoup d’autres, recommande de se tenir éloignés des manifestations.