La difficile sortie de la crise de la loi d’amnistie en Thailande

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Nous avons été un peu optimistes hier, tombant dans le piège de Yingluck Shinawatra qui annonçait à la télévision que les lois d’amnistie avait été annulées. Cela concernait six autres lois en préparation mais la loi d’amnistie contre laquelle les gens sont descendus dans la rue est toujours sur la table. Et si le discours d’hier de la première ministre laissait tout de même, une fois cette subtilité remarquée, penser que le Sénat allait rapidement enterrer le texte pour apaiser les choses, forcé de constater aujourd’hui qu’il n’en est rien. Les sénateurs sont bien loin d’y mettre de la bonne volonté.

Manifestations Thailande

L’avancée du vote à aujourd’hui – il était initialement prévu pour lundi – semblait répondre à une volonté d’en finir et vite mais c’était sans compter sur des sénateurs qui “fâchés” de cette précipitation de dernière minute se sont présentés en trop faible nombre pour pouvoir procéder au vote aujourd’hui. Il en fallait 75 minimum, ils étaient 69. 40 d’entre eux avaient annoncé leur intention de boycotter la session pour que le quorum ne soit pas atteint, ils ont réussi leur coup. Et malgré une attente de plusieurs heures, leurs rangs n’ont pas suffisamment grossi pour pouvoir procéder au vote qui aura lieu lundi. Enfin si le minimum de votants est atteint. Face aux centaines de milliers de manifestants toujours plus nombreux dans les rues de Bangkok, on a peine à croire à l’irresponsabilité de ces politiciens qui prennent le risque de l’embrasement et de plonger l’économie dans l’incertitude. La crainte du retour de l’instabilité politique en Thaïlande n’est pas pour rassurer les investisseurs.

Il serait étonnant que la loi passe mais devant un tel comportement des sénateurs, on se dit que tout est possible. l’intérêt national ne semblant pas, pour une partie d’entre eux tout du moins, guider leurs choix et leurs actions. La promesse du gouvernement, hier, de ne pas représenter le texte en cas de rejet du Sénat apparaît dans ce contexte bien insuffisante pour mettre fin au mouvement populaire contre le texte. C’est pourquoi, Meechai Ruchuphan, exhorte le gouvernement à plancher avec ses juristes sur une manière légale de retirer définitivement la loi. Car si le texte n’a pas été annulé hier comme le laisser penser l’intervention télévisée de Yingluck Shinawatra, c’est parce que légalement, elle n’en avait de toute façon pas le pouvoir, celui-ci ayant déjà été voté par le Parlement.

Les jours qui viennent ont être décisifs et probablement agités à Bangkok…